Laurie Anderson

° 1947

Né à Chicago, Illinois (US).

Laurie Anderson a grandi dans une famille où les histoires (raconter sa journée autour de la table à manger), les pièces de théâtre et les répétitions de l’orchestre de famille font partie du quotidien. Son frère jumeau composait seulement les musiques de la famille. « Tout le monde aimait les jeux de mots. »

Anderson joue du violon depuis qu’elle a sept ans. Elle décrit même cet instrument comme « son parfait alter ego qui reproduit le mieux la voix humaine (à savoir féminine). Une sirène. J’ai passé vraiment beaucoup de temps à faire parler le violon. »

En 1965, elle a été choisie pour devenir Miss Illinois Junior et a voyagé avec cinquante autres adolescentes américaines à travers l’Europe pour parler de la vie aux États-Unis dans les écoles, les maisons communales et les bourses. Son numéro consistait à décrire la vie américaine typique en illustrant son exposé avec des images de bande dessinée.

Tous ces éléments ont jeté les bases de ses performances expérimentales, avec lesquelles elle a construit sa renommée plus tard. Celles-ci se caractérisaient notamment par la langue et l’expression d’idées, à la fois de manière verbale, auditive et visuelle. En résumé, l’expression de ses pensées. Anderson utilise la langue avec des mots, des phrases, de la musique, des projections et du « story telling ».

Peu de temps après, elle a intégré le Mills College avant de commencer ses études d’histoire de l’art au Barnard College de New York l’année suivante. Anderson a étudié la sculpture à l’Université de Columbia. Elle a également suivi des cours d’histoire de l’art avec Meyer Shapiro, d’art graphique avec Tony Harrison et de philosophie avec Arthur Danto. Entre-temps, elle a prêté sa plume à différentes revues artistiques telles qu’Art Forum. Après la fin de ses études, elle a enseigné l’histoire de l’art dans différents collèges de New York. Elle a aussi fait la connaissance de Philip Glass et a créé ses premiers objets et sculptures sonores.

En 1973, Vito Acconci lui a permis d’organiser sa première exposition, O-Range, dans l’Artists Space à New York. Anderson a présenté quelques panneaux encadrés avec des textes écrits à la main et des photos en noir et blanc. En réaction à la destruction du Lewisohn Stadium, connu pour ses concerts de jazz et de musique classique, elle a aussi créé une installation sonore/performance à grande échelle du même nom qui mettait en scène dix de ses étudiants qui racontaient plusieurs histoires sur un terrain abandonné à l’aide d’un mégaphone.

Au cours de cette même période, Laurie Anderson s’est rendue plusieurs fois en Europe pour découvrir le monde en dehors de New York. En 1977, elle participe à Documenta 6 à Kassel. Laurie Anderson est finalement devenue mondialement célèbre en 1982 avec son single O Superman issu de son album solo Big Science, une chanson sur vocodeur inspirée par les prises d’otages en Iran, la nouvelle technologie et les opéras de Massenet. Le disque comprenait des versions studio de sa longue performance United States, avec laquelle elle a été en tournée lors de ces mêmes années. Lorsqu’elle est devenue l’une des stars de la pop les plus improbables de l’histoire, Anderson était déjà une pionnière de la performance multimédia et de l’art de l’installation. Elle se trouvait au premier rang pour les débats sur l’influence des médias de masse sur le monde de l’art.

Ses performances, sa musique, ses installations, ses films et ses livres sont souvent autobiographiques de nature. Le ton calme et méditatif d’Anderson lui permet de nourrir une relation intime avec son public en live. Malgré la tranquillité que dégagent ces performances, elle pose souvent un regard critique sur la politique ou aborde des sujets sociaux. 

« Mon œuvre vise plutôt à poser les bonnes questions plutôt que de présenter un grand spectacle. Chaque maison de mode ou marque de voiture le fait déjà. »

Un sujet récurrent dans son œuvre est la voix sans nom qu’elle appelle « The Voice of Authority » : une technique par laquelle elle rend sa voix plus grave et masculine grâce aux « audio drags » électroniques. Un peu plus tard, elle explique que cette voix perd de l’autorité et elle l’utilise pour poser un regard critique sur l’histoire, la politique et la société. Dans Homeland [Pays natal], un disque de 2010, le personnage a reçu le nom Fenway Bergamot, une suggestion de son conjoint Lou Reed, qui a perdu la vie en 2013. La couverture de ce même disque est une image d’Anderson avec une moustache noire et de gros sourcils.

Dans The Cultural Ambassador [L’ambassadeur culturel] (sur le disque The Ugly One with the Jewels [Le laid avec les bijoux]), Anderson donne le contexte de sa voix. Elle la transforme souvent en une voix d’ordinateur masculine, d’une voix off, d’un alien et/ou d’un espion robot. Elle laisse sa voix prendre un rôle différent pendant qu’elle raconte ses histoires et pensées personnelles par le biais d’une mise en scène avec des images, des accessoires, des costumes, des projections et de l’éclairage. Ses performances prennent ainsi un caractère futuriste, qui ressemble presque à de la science-fiction.

En 2002, Anderson est devenue la première artiste en résidence de la NASA. Cette collaboration débouche sur la performance individuelle The End of the Moon [La fin de la lune].

Dès le début de sa carrière, Anderson est reconnue pour être une innovatrice dans la musique électronique, une inventeuse de nouveaux outils et technologies, qui commencent souvent par le démontage de bêtes instruments plutôt bon marché.

Elle a notamment inventé le violon à archet avec une bande magnétique, sur lequel elle a remplacé le crin de l’archet par une bande magnétique. Elle a aussi fixé une tête magnétique sur le chevalet du violon. En 1979, elle l’a notamment amené à Anvers pour une performance dans l’ICC. À la fin des années 90, Anderson a collaboré avec Interval Research pour développer un nouvel instrument, un « talking stick », un bâton de 1,8 mètre qui fonctionne comme un contrôleur MIDI qui commande ou reproduit des sons.

« La technologie est le feu de camp autour duquel nous racontons des histoires », explique-t-elle. Ceci se reflète dans ses premières vagues d’expériences, sa technologie d’overdubs et de nouvel enregistrement dans les années 70 et 80 et son utilisation de projections et d’expériences avec un éclairage de théâtre. Anderson a introduit un nouveau vocabulaire esthétique dans les galeries d’art et les lieux de performance. Elle a notamment collaboré avec William Burroughs, Mitchell Froom, Peter Gabriel, Perry Hoberman, David Sylvian, Jean-Michel Jarre et Lou Reed. Et à la fin des années 70, elle a également travaillé avec l’humoriste Andy Kaufman.

Elle s’est mariée avec Lou Reed le 12 avril 2008 et est allée en tournée avec lui et John Zorn.

DE

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